La mise en ligne sur YouTube d’une vidéo de la réédition contrariée de Goldeneye 007 ravive de vielles querelles. Après l’acquisition à grand frais du studio Rareware par Microsoft (375 millions de dollars), nombreux sont ceux qui caressaient l’espoir de jouer sur x360, aux meilleurs titres du studio élite de Nintendo. A leur grand regret…
On l’oublie trop souvent, derrière les mondes imaginaires polygonisés se cachent une réalité plus terre à terre. Celle de Goldeneye 64 en est la plus triste illustration. Dans le but de donner une coloration console plus marquée à sa Xbox, Microsoft s’offre un catalogue de titres convoité par la concurrence, et acclamé par la critique comme des joueurs. L’adaptation du FPS Goldeneye, l’une des meilleures ventes de la N64, suscite le plus grand intérêt des stratèges en politique produit, non moins que l’impatience des joueurs.
Quel autre titre emblématique pouvait accompagner le lancement du service en ligne Xbox Live Arcade (XBLA) ? Rapidement les fuites alimentent les forums entrant en pleine effervescence. Le jeu est en développement depuis plusieurs mois dans les locaux flambant neufs de Rare, mais quelque chose coince. Bien qu’arrivé à son terme, et respectant au pixel près le cahier des charges de son maître étalon, Goldeneye restera dans les placards du studio anglais. Le destin des espions est de rester dans l’ombre, n’est-il pas ?
En cause, la licence Bond détenue par Nintendo et des sociétés tiers. Microsoft reste spectateur impuissant face à une bataille juridique qui le dépasse. Les fans dépossédés de leur soif d’aventure laissent éclater leur aigreur vis-à-vis d’un coupable tout trouvé, Nintendo.
La publication de cette vidéo a réveillé une vieille rancœur que l’on croyait éteinte avec le temps (12 ans !). Alimentée en cela par la formulation d’un titre équivoque en préambule de cette révélation : « Dois-je supprimer le logo Nintendo de l’écran titre ? Non, M. Bond, votre mort suffira ». Face à un déchaînement de propos haineux à l’encontre de l’épouvantail tout trouvé Nintendo, l’auteur de la vidéo s’est fendu d’un avertissement à l’encontre des plus remuants : « J’apprécierais que vous lisiez attentivement mon avertissement avant d’accuser à tord Nintendo, d’insinuez que je minimise son rôle ou que le problème m’échappe. Ce n’est pas le cas ».
Une bronca intacte qui aura résisté au temps comme aux explications apportées par l’équipe de Rare. « Honnêtement, j’aurai souhaité que le différend juridique soit rapidement réglé » , abonde Nick Burton, alors ingénieur principal et approché par les journalistes de Videogamer.com en 2008. Dans un louable effort de transparence, l’informaticien dédouanait déjà Nintendo d’endosser l’entière responsabilité de l’échec des négociations alors qu’il était de notoriété publique des relations exécrables qu’entretenaient le constructeur nippon avec le studio anglais. « C’est incroyablement difficile à résoudre car cette licence était détenue par un nombre incalculable de propriétaires. Il y avait ceux qui possédaient celle des jeux, ceux qui disposaient de la licence en tant que propriété industrielle, puis d’autres encore » , s’étrangle le développeur.
Pourtant toutes les parties impliquées, au premier rang desquelles Microsoft, étaient déterminées à se défaire de ce méli-mélo juridique. « La balle n’était certainement pas dans notre camp (…) cela restera probablement dans les annales de l’histoire du jeu vidéo comme un grand mystère » , résume-t-il amèrement.